Chapitre I: Origine
Au commencement, vivaient quatre peuples se partageant le monde suivant les quatre points cardinaux. Chacun de ces peuples possédaient en leur âme une excellence qui leur était propre et qui leur fut donnée par les créateurs du monde, ce afin d'équilibrer les forces existantes.
Au Nord était le peuple Kakos, au Sud le peuple Kalon, l'Est vit l'hégémonie du peuple Dikaiosuné et l'Ouest celle du peuple Adikia.
Extraits du journal de Patrocle le berger, qui appartenait au peuple Kalon.
- Citation :
- « Il n'y a dans le monde, sujets plus fou que ces derniers. La cité est aux mains du plus parfait tyran qui fait de toute chose, non sans satisfaction, un mal absolu.
Nombreux sont les massacres et exactions en tout genre, néanmoins, les hommes appartenant au peuple Kakos, loin de mépriser leur chef, agissent identiquement à leur propre échelle, car il est de leur nature même d'être mauvais.
Rien de surprenant alors que les créateurs choisirent tel peuple pour conserver et protéger l'essence de mal.
A l'exacte opposé de ces déments, réside au Sud de la planète, le peuple Kalon dont je suis un représentant. Nous vivons dans le bien le plus absolu, l'harmonie la plus totale.
Et j'avouerai être plutôt heureux d'être ainsi fait.
Le peuple Dikaiosuné est de ceux qui ont un désir immodéré de justice. Tout doit être, selon eux, en tout point semblable à chacun. La cité s'auto-gouverne ainsi avec une incroyable rigueur et la multiplicité des citoyens donne à cette dernière, sa parfaite unité.
Ils sont garants de leur excellence, à savoir l'essence de justice.
Le quatrième et dernier peuple habitant le monde est le peuple Adikia. Ce dernier est tellement animé par l'injustice que les habitants de la cité se querellent entre eux, créant ainsi une division de celle-ci. En vérité, l'injustice est telle qu'il n'y a pas une cité, mais une multitude de factions à l'intérieur même de la cité. Un chaos perpétuel entretenu par l'emprise de l'essence d'injustice que chacun conserve précieusement. »
Ces peuples pourtant opposés deux à deux, se régulaient mutuellement formant ainsi un extraordinaire équilibre. Le mal étant un bien pour le mauvais, l'injustice, une justice pour l'injuste et réciproquement.
Chapitre II: L'Ikariam
Mais un jour, l'eau paisible des lacs se mit à monter furieusement jusqu'à engloutir tout ce qui n'était pas montagnes.
Le Sud dont la terre était uniquement constituée de plaines fut entièrement recouverte d'eau que l'on appela par la suite mer.
Quant au peuple Kalon qui résidait sur ces terres, il périt noyé et avec lui, l'excellence dont il avait la charge.
Depuis cet événement, le bien est étranger à l'Homme cela même si tous ne sont pas mauvais.
Les anciens attribuèrent ce phénomène à l'Ikariam, bien que l'on ne connaisse pas la signification de ce terme, nous demeurons marqué par ses effets.
Extraits du journal de Patrocle:
- Citation :
- « L'eau de nos lacs n'a de cesse de monter, je ne puis dès lors plus me rendre chez Alsmène tant le lac s'est agrandit. Partout la rumeur se répand.. l'équilibre serait rompu et le malin reprendrait ses droits.
Certains d'entre nous, souhaiteraient fuir pour rejoindre les montagnes, mais nous ne pouvons abandonner « l'excellence » au risque de la voir perdue à jamais.
S'il reste un espoir, il ne peut être qu'en la conservation du bien. »
Chapitre III: La constellation de la croix
Les créateurs marquèrent le ciel du déséquilibre engendré par l'Ikariam, en y dessinant en son Sud, la constellation de la croix. Les étoiles qui la composent représenteraient les forces du monde dont les quatre peuples originels furent les garants.
On raconte aujourd'hui que la constellation de la croix serait une carte pour celui qui saurait la lire.
Elle indiquerait l'exact emplacement de l'île des bienheureux. Un lieu où l'homme serait dénué de tout vice et ou les tracas quotidiens laisseraient place à une éternelle ivresse.
Mais cette accession n'est pas sans conditions, elle requiert en effet le rétablissement de l'équilibre passé, en se dotant de l'excellence de bien qui fait aujourd'hui défaut à l'Homme.
Chapitre IV: L'eudaimonia
Une fois par an, lorsque vint le dernier jour de l'année, un bien étrange phénomène apparaît à celui qui de bien est doté. En effet, jaillirait du centre de la croix, un intense faisceau lumineux telle une myriade de lucioles qui tourbillonnerait dans le ciel. Ce faisceau toucherait la Terre en une île cachée des Hommes, et indiquerait de fait la voie qu'il faut emprunter pour rejoindre l'île des bienheureux.
Personne ne saurait trop expliquer ce phénomène. Certains pensent que l'eudaimonia est l'ultime épreuve que les Dieux infligent à l'Homme, d'autres blasphémant sans retenue, disent que les Dieux bénéfiques ont périt avec l'Ikariam, et qu'il ne peut, par conséquent, s'agir que de l'œuvre d'un démon.
Mais pour la plupart, il n'est question que d'un mythe, car personne aujourd'hui n'a vu ledit faisceau, car personne n'a encore emplit son âme de bien.
Chapitre V: Implications
Des écrits des anciens, il ne reste hélas que peu de choses. Cependant, la dernière remarque laissée par Patrocle ainsi que le mythe de l'eudaimonia indiquent clairement que l'histoire du monde ne saurait être qu'inventions. Par ailleurs, il est certain que si l'eudaimonia existe, quelqu'un a pu voir au cours de son existence ledit faisceau. L'on pense qu'il s'agit précisément de Patrocle, homme de bien et historien du monde ancien. Il aurait dit-on, survécu à l'Ikariam et vivrait aujourd'hui encore sur l'île des bienheureux.
Cette hypothèse est renforcée par le fait que l'Ikariam coïncida avec le premier jour de l'eudaimonia.
Chapitre VI: L'alliance de la Croix du Sud
Peu après l'Ikariam, le monde fut parcouru par un curieux messager dont les paroles furent à peu près celles-ci:
« Nous y voilà voyageurs de toute sorte, bandits de grands chemins, Seigneurs et autres Suzerains, femmes, enfants, vieillards et soldats, nous y voilà, banquiers, médecins, comédiens et agriculteurs, nous y voilà enfin. Le peuple Kakos a profité de la disparition des Kaloniens pour envahir nos terres! L'heure de la guerre a sonné!»
Sous l'impulsion d'une ferveur collective, la grande majorité des Hommes prit les armes et entra en guerre.
Mais tous ne furent pas partisan de la guerre et certains hommes décidèrent de fuir les zones habitées afin de laisser s'essouffler l'ère meurtrière dans laquelle était alors plongé l'humanité.
Ils accostèrent sur une île paisible et y établirent un lieu de vie. C'est alors qu'ils trouvèrent au fond d'un ruisseau, un vieux manuscrit protégé des eaux dont l'intitulé est:
« Journal de Patrocle, fils d'Iorgos ».
Après de nombreuses lectures du manuscrit, ils formèrent l'alliance de la Croix du Sud dans l'espoir d'atteindre un jour l'île tant convoitée et de rétablir l'équilibre du monde.
Seulement, et ils l'ignoraient encore, ils étaient eux aussi dénués de l'excellence de bien et ne comprirent point pourquoi l'eudaimonia se ne produisait pas.
Les fondateurs nous laissèrent leurs expériences ainsi que leurs recherches.
Nous savons désormais qu'il nous faudra sonder les mers afin de retracer la vie de Patrocle, ou de trouver d'autres indices laissés par ce dernier.
Si le bien fut conservé comme il le sous-entend, alors il est certain qu'il nous est mis à disposition par Patrocle, encore nous faut-il ajuster notre vision, affuter notre pensée et apaiser notre âme afin de percevoir en la croix, non la seule constellation, mais la voix, le regard, les mains de notre guide: Patrocle le berger.]