Retrouvailles de deux âmes soeurs

Après s'être reposé un peu plus, Elessar demanda que l'on lui amena de quoi écrire et également que l'on fasse venir son page Balin dans les appartements royaux.
Lorsque Balin arriva dans ceux-ci, il trouva son roi en train d'écrire un pli dont voici le contenu :

"Mon très cher et tendre amour"

Il y a une chose que je ne t'ai pas dites afin de ne pas te faire peur et de ne pas t'affoler. Il s'agit d'un cauchemar que j'ai fait il y a quelques semaines dans ma capitale de Minas Tirith.

Dans celui-ci je te vois entrer dans nos appartements royaux, fermer la porte ; puis une celle-ci à peine refermée, tu disparais pour réapparaitre quelques secondes plus tard totalement différente tant au niveau de la tenue que tu portais que de ton comportement.

Depuis lors mes malaises ont débuté. Au départ rien de bien méchant. Je trébuchais en marchant sous l'effet d'une douleur soudaine qui disparaissais aussi vite qu'elle était apparue. Ceci a hélas été en s'accentuant de façon croissante. Toujours un malaise par jour mais plus important et long à chaque fois.

Jusqu'à hier, aucun d'entre eux n'avait été aussi douloureux physiquement mais aussi mentalement. Ce qui explique le teint pâle que tu m'a hélas vu arborer lorsque tu m'a quitté tout à l'heure. A mon grand regret et déplaisir je dois bien l'avouer.

J'avais espéré que nos retrouvailles dans la capitale de l'alliance seraient plus joyeuses et moins handicapantes pour moi, tel ne fut pas le cas comme tu as pu le voir.

Avec toute mon affection et tout mon amour,
Je t'embrasse,
Elessar Seigneur des hommes et des elfes.

Lorsque Elessar eut finit de rédiger ce mot, il ordonna à son page de se rendre auprès de son épouse bien-aimée afin de lui porter le pli. Le page parti alors en direction de la pièce dans laquelle se trouvait la Reine.

Balin fut annoncé et pénétra dans le Grand Salon où Mirgaya traitait souvent ses affaires personnelles, dans ses quartiers.
Il arriva au beau milieu d'un conseil qu'elle tenait avec les esprits les plus puissants de son royaume, les médecins et les soigneurs les plus talentueux déplacés spécialement pour enquêter sur le cas du Seigneur des hommes et des Elfes.

Il tendit le pli à la Reine des Paradis qui le prit et s'empressa de le lire.
A mesure de sa lecture, ses sourcils se fronçaient. Quand elle finit la dernière phrase, elle soupira et fit passer la lettre au reste de la réunion.

"C'est hélas ce que je craignais, et ce que vous m'avez confirmé lors de vos différentes études..." conclut-elle soudain, brisant le silence pesant qui s'était installé dans la pièce.

"Oui, Majestée. C'est hélas bien cela."
"Il va falloir prendre les mesures nécessaires."
"Renforcer votre sécurité et celle des cités célestes."

"Et aussi celle de la capitale et de manière générale, de tout le royaume et de tous les gens qui gravitent autour de moi."ajouta la souveraine de l'Alliance.

Des hochements de tête affirmatifs parcoururent la salle en même temps qu'un profond sentiment de découragement devant l'ampleur de la tâche à exécuter.

"Viranie n'est plus très loin..." déclara Mirgaya.

A peine le page Balin avait-il quitté les appartements royaux que Elessar était soudainement pris de violents spasmes et de convulsions comme jamais auparavant.

Il n'avait de cesse de dire qu'elle arrivait, et qu'elle se rapprochait de plus en plus, mais aucunes des personnes présentes ne comprenait de quoi le Roi voulait parler et à qui il faisait référence.

Puis avant de s'évanouir, il demanda que l'on dise à son épouse la chose suivante :

Viranie approche de la cité. Elle devrait bientôt être là. Puis après ces quelques mots, celui-ci sombra dans l'inconscience la plus totale.

On courut porter la nouvelle à Mirgaya.
Effrayée à l'idée de perdre son bien-aimé, elle ne prit même pas le temps d'annoncer la fin de la réunion ou de s'excuser et se précipita à son chevet.
Sur son front brûlant de fièvre, elle appliqua des compresses imbibées des eaux célestes les plus pures, produites par les champs de nuages de sa cité de Heaven.

Elessar n'avait de cesse de délirer.
Et pendant qu'il répétait inlassablement le nom qui glaçait d'effroi le coeur de Mirgaya, Viranie était déjà dans l'enceinte de la capitale...

Pendant que Mirgaya posait des compresses sur le front brûlant de son époux, tout en lui tenant la main ; celui-ci sembla se calmer un peu et cessa de délirer.

Était-ce dû à la présence rassurante de son épouse ou au fait que Viranie venait d'arriver dans la capitale, personne ne le su jamais. Ni le couple royale ni les médecins que Mirgaya avait fait venir à son chevet.

Puis vers le matin du jour suivant, Elessar ouvrit les yeux et prit sa femme dans ses bras le plus délicatement possible afin de ne pas la réveiller. En effet malgré le fait que celui-ci ait cessé de délirer, son épouse bien-aimée l'avait veillé toute la nuit et avait ensuite finit par s'endormir la tête sur la poitrine de son mari.

Quand elle se réveilla enfin, quelle ne fut pas sa surprise de voir Elessar assis dans le fauteuil au pied du lit. Il était debout en train de la regarder dormir. Et lorsqu'elle se leva ils se précipitèrent dans les bras l'un de l'autre afin d'être sur de ne pas rêver. Mais il ne s'agissait pas d'un rêve c'était bien la réalité.

Les préparatifs de la cérémonie du mariage allait enfin pouvoir commencer.

Afin que les préparatifs pour la cérémonie du mariage débutent, Elessar demanda que l'on fasse le régisseur en chef de la cité.

Lorsque celui-ci entra dans les appartements royaux, le Seigneur des hommes et des elfes lui demanda combien de temps était nécessaire à la mise en place pour la réception qui devait avoir lieu après le mariage. Le régisseur en chef lui répondit : "Tout sera prêt dans quelques heures votre Excellence." Puis celui-ci quitta les appartements royaux laissant les deux amants seuls. Ceci pour la dernière fois avant le début de la cérémonie.

C'est alors qu'Elessar se tourna vers Mirgaya et lui dit :
" Mon amour pourrais-tu demander à nos hauts dignitaires de l'alliance, de venir se présenter à nous dans nos appartements avant le début de la cérémonie s'il te plaît?"

Laquelle lui répondit affirmativement en faisant un signe de la tête. Puis intérieurement, elle se demanda ce que cela pouvait bien signifier et ce que son époux bien-aimé avait comme idée dans la tête.

Alors tous deux commencèrent à se préparer pour la cérémonie.

Comme Elessar trouvait son épouse préoccupée, il lui demanda ce qui n'allait pas pas. Elle lui répondit juste : Elle... Alors Elessar lui mit un doigt devant la bouche et lui dit alors : Je sais.

Comme elle était sur le point de se mettre à pleurer, il la prit dans ses bras pour la consoler et lui demanda alors si elle aimerais prendre les choses en main concernant les préparatifs pour la cérémonie du mariage.
Elle lui dit alors oui.

Puis le Seigneur des hommes et des elfes fit de nouveau appeler le régisseur et il dit à celui-ci que la Reine allait prendre les choses en main.

Le régisseur se retira alors, laissant le couple royal seul dans ses appartements.
Alors dans cette intimité toute relative, ils s'enlacèrent sans dire un mot.

Dans les bras de son amour, Mirgaya oublia tous ses soucis.

Au lendemain matin, elle décida que son mariage était une chose bien trop importante pour être gâchée par qui que ce soit.

Après tout, s'il fallait être proche de ses amis, il fallait l'être encore plus de ses ennemis.
Et si Viranie était parvenue au coeur de La Croix du Sud, au moins savait-on où la trouver, au moins pouvait-on la surveiller facilement.
Finalement, ce n'était peut-être pas une si mauvaise chose de la sentir si proche...

Pleine de cette nouvelle énergie, Mirgaya prit sa plus belle plume et ses plus fins parchemins pour rédiger ses inviations.

"Nobles Dames, Chers Seigneurs de l'Alliance de La Croix du Sud,
Elessar, Seigneur des hommes et des elfes
et
Mirgaya, Reine des Paradis, Chef de File de l'Alliance de La Croix du Sud,
sont heureux de vous faire part de leur mariage.
La cérémonie aura lieu aux cités terrestres et célestes de Heaven où vous êtes conviés.
Le messager attendra votre réponse.
Amicalement,
Mirgaya."

De sa main, elle traça arabesques, pleins, déliés et motifs floraux harmonieux pour enluminer les invitations.
Elle confia la dizaine d'enveloppes à ses pages et les dépêcha aux destinataires des faire-part.
Elle avait hâte de fêter officiellement son mariage avec les membres de sa chère alliance !

Après avoir rédigé sa dizaine d'enveloppes, Mirgaya décida de s'occuper de la préparation de la réception qui devait avoir lieu après le mariage. Dans la capitale terrestre pour commencer, puis plus tard de celle qui aurait également lieu dans la capitale céleste ; et qui serais celle-ci beaucoup plus fastueuse encore que lors de leur mariage dans la cité.

La Reine des Paradis commença donc par la fête qui aurait lieu dans la cité terrestre. Celle-ci se devait d'être mémorable, même si le faste et la luxuriance des mets et de la décoration était plus en deçà de ce qu'elle serait dans la cité céleste.

Mais Viranie serait présente et tant pis. Ou peut-être même tant mieux. Car pas besoin de la chercher pour la faire surveiller afin de savoir ce qu'elle comptait préparer en douce.

Comme la nuit passée avec son époux l'avait mise de très charmante humeur, Mirgaya appela le régisseur en chef et demanda à celui-ci que l'un de ses pages se rende le plus vite possible dans la cité céleste afin que faire commencer les préparatifs de la réception.

Ceci fut fais dans l'instant qui suivi. Elle allait enfin revoir sa magnifique cité qui commencé à lui manquer. Mais avant de se rendre dans la cité céleste avec son époux, elle allait devoir se débarrasser de sa sœur jumelle. Cela était fort embarrassant, car avant cela, elle devrait expliquer devant toute l'assistance présente qui était Viranie et ce qu'elle était par rapport à elle.

Cela ne serait donc pas chose aisée. Mais heureusement pour elle Elessar serait à ses côtés pour la soutenir, et cette seule pensée lui redonna du courage et la fit même sourire. Pour la première fois depuis le retour de sa sœur jumelle elle semblait être heureuse.

De toute part, des héraults furent déployés afin de porter la grande nouvelle au coeur même de chaque cité de l'Alliance de La Croix du Sud.
"Oyez ! Oyez !
La cité terrester de Heaven ouvrira ses portes en cette fin de semaine et pour la quinzaine à venir à tous les ressortissants de l'Alliance afin de célébrer l'union du Seigneur des Hommes et des Elfes, Monseigneur Elessar, et de la Reine des Paradis et de l'Alliance de La Croix du Sud, son Altesse Mirgaya."

Partout dans les quartiers la foule fut transportée. En liesse, elle applaudit et éclata en hourra, prête à festoyer en l'honneur de leur Reine bien-aimée.

Une fois que la proclamation fut faite dans les rues de la capitale de l'alliance, le Seigneur des hommes et des elfes pris son épouse à part et lui demanda si elle sentait la force de convoquer les officiels de la cité afin de leur annoncer sa jémélité avec Viranie.
Ce à quoi elle répondit à son époux :
Je vais les convoquer dès à présent.

Mirgaya fit convoquer ses conseillers les plus intimes, ceux qui l'écoutaient et qu'elle écoutait, ceux qui avaient fait avec elle de Heaven et de ses Paradis ce qu'elles sont maintenant, ceux qui la suivaient dans sa manière de gouverner, de voir le monde, et de vouloir la paix.
Elle convoqua ses conseillers terrestres mais aussi ses conseillers célestes. C'étaient la première fois qu'ils se rencontraient. Cette convocation n'était pas des plus banales, on allait y parler de choses graves, très graves mêmes.

"La réunion d'aujourd'hui va devoir revêtir un caractère quelque peu informel." s'excusa Mirgaya à l'avance.
L'assemblée des conseillers hocha la tête d'un air approbatif : si la Reine avait quelque chose de si terrible à leur révéler, il était hors de question qu'elle se préoccupe encore en plus de respecter l'étique.

"Je vais vous raconter une légende de mon peuple. Mes conseillers célestes la connaissent déjà, c'est une des plus populaires chez nous, mais pour vous, mes conseillers terrestres, il est nécessaire de commencer par le commencement..."

"A l'aube de la création vivait un seul et unique peuple vers qui les dieux dirigeaient tous leurs soins. Ils étaient parfaits en tout point et possédaient conséquemment de grands pouvoirs. Ils ne vivaient qu’à l’ordre des dieux, ne faisaient que le bien autour d’eux, et leur nature même semblait prendre racine dans ce qu’il existait de meilleur. Tout n’était qu’harmonie et sérénité.

Puis vient pour les dieux le temps de développer d’autres peuples ailleurs, délaissant quelque peu le peuple originaire. Les dieux étaient confiants, le peuple Premier pouvait jouir de sa liberté : ils l’avaient bien éduqué.

Cependant, ce peuple Premier ne voulait pas de cette liberté offerte par les dieux, qu’il voyait tel un fardeau insupportable. Avant, il n’y avait qu’à suivre la voie toute tracée des dieux. Maintenant, remis à eux-mêmes, les Originaux sentaient la fatigue de faire le juste les envahir. Désespérés de perdre l’appui entier et total des dieux, ils les prièrent d’envoyer parmi eux un des leurs afin de présider à leur destinée.

Déçus par la réaction de ce peuple qu’ils avaient si longtemps choyé, les dieux accordèrent cette dernière grâce aux Originaux. La discorde naquit alors : qui fallait-il réclamer pour les présider ? D’aucun demandait le Bonheur, d’autres la Pérennité, certains mêmes la Richesse ou encore l’Abondance.

Devant leur impossibilité à s’accorder, décidément très déçus par leur peuple préféré, les dieux envoyèrent ce qu’il manquait le plus au peuple Premier : ce fut le Choix. Le choix manichéen du Bien intimement lié au Mal.

Le peuple Premier ne comprit pas directement ce « don » des dieux. Qui était donc descendu parmi eux pour les gouverner ? Nulle part, on ne trouva trace du Choix.

La réclame tomba dans l’oubli, en même temps que les dieux quittèrent le peuple Premier pour se consacrer au reste de l’univers. Les Originaux se développèrent comme ils le pouvaient et connurent une lente mais sûre décadence. Pour eux qui étaient jusque-là parfaits en tout point, la chute fut dure."

Un jour, une aberration pire encore que celles qu’ils pouvaient envisager dans leurs cauchemars les plus terrifiants vit le jour. Dans la famille royale, une enfant naquit. Une enfant aux pouvoirs terribles. Une enfant qui possédait à elle seule tous les pouvoirs connus et à venir. Une enfant qui avait en elle deux âmes bien distinctes.

Jamais chose pareille ne s’était vue chez les Originaux. Partout où l’enfant allait, des événements extraordinaires se produisaient. La pluie tombait sur les terres desséchées, l’eau des fleuves corrompus se purifiait, les cultures dévastées retrouvaient leur abondance fertile, les familles déchirées se réconciliaient et paix et prospérité gagnaient le cœur de tous. Le peuple Premier profitait pleinement de ces excès de Bien sans remercier personne pour autant.

Mais parfois, l’effet inverse arrivait aussi. La chaleur harassante écrasait les terres les plus productives, les fleuves les plus larges s’asséchaient à craqueler leurs lits, les cultures les plus luxuriantes connaissaient vermine et destruction, ceux qui étaient autrefois liés de sang ou de cœur ne pensaient qu’à en finir les uns avec les autres des plus cruelles façons qu’il puisse être… Et le peuple Premier ne faisait rien pour empêcher de telles abominations.

On finit par remarquer un léger changement de physionomie chez l’enfant, selon que le Bien ou le Mal se produisait. On décida de ne plus la déplacer à travers le royaume, et de la garder cloîtrée au Palais, qui fut alors soumis aux contradictions les plus terribles. Tantôt tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, tantôt les gens s’entredéchiraient, et on retrouvait souvent la petite princesse au milieu des réconciliations les plus improbables, aussi bien qu’au cœur des massacres les plus imprévisibles. Le peuple Premier se désintéressa d’elle, et personne ne voulut l’éduquer.

Quand elle fut en âge de parler, on distingua clairement deux voies en elle seule. Elle devint un cas d’études pour les médecins de la famille royale. Ce ne fut pas pour autant que l’on comprit ce qu’elle était ou que l’on prit une quelconque décision pour améliorer cet état de fait.

Le peuple Premier fut alors pris d’un étrange soubresaut de religiosité : lui qui avait depuis longtemps oublié les dieux se remit à les prier. Où était celui qui devait présider leur destinée ? Il fallait qu’il se manifeste pour les aider à lutter contre cette dualité du Bien et du Mal qui allait venir à bout de leur civilisation. Il ne pouvait pas agir, c’étaient aux dieux de le faire pour eux.

La petite princesse se présenta alors devant le peuple assemblé, devant le Roi et la Reine, et devant le Clergé réunit lors de la grande cérémonie de l’Imploration.

« Nous vous avons laissé le Choix. » rappela-t-elle. « Tant que vous ne l’aurez pas pris, vous ne pourrez pas vivre. Et si vous ne le prenez pas, vous ne vivrez pas. »

Le peuple Premier comprit que deux dieux vivaient en leur princesse double. L’une d’elle exaltait au Bien quand l’autre exhalait le Mal. Le Choix, c’était cela. Il fallait en choisir une et se débarrasser de l’autre.

Le peuple Premier ne sut quoi faire. Fallait-il prendre le risque de tuer un des deux dieux qui vivaient en leur princesse ? Tel sacrilège ne leur parut pas possible.

Un important concile fut tenu. Il s’agissait de décider ce qu’il fallait enrayer. Une manipulation extrêmement difficile pouvait permettre de sceller tout ce qui était mauvais chez cette petite princesse, afin de ne conserver que le bon. Si cet effort incommensurable réussissait, il ne serait plus utile de s’en faire, et seule la bonne princesse resterait. Elle pourrait alors accomplir son rôle, et gouverner la destinée du peuple Premier sans plus qu’il n’ait à se soucier de quoi que ce soit.

Une longue liste de tout ce qu’il fallait retenir chez elle, et de tout ce qu’il fallait écarter fut mise en place et ratifiée. La manipulation fut longue et éprouvante, on crut maintes fois tuer les deux dieux à la fois, ou perdre le corps de la petite princesse. On finit par séparer entièrement les deux entités. La manipulation allait être une réussite quand les dieux intervinrent.

« C’était le Choix que nous vous avions octroyé. Le Choix de l’effort, le Choix de l’implication, le Choix de s’améliorer par le travail sur soi, le Choix de l’éducation, le Choix de la Volonté Bonne. Vous n’avez pas voulu vous efforcer à comprendre la princesse. Vous n’avez pas voulu vous impliquer à réparer vos torts que ses mauvaises actions ne faisaient que cristalliser. Vous n’avez vu que le Mal en Elle, et pas le Mal en vous tous. Vous n’avez pas voulu éduquer son âme à ne faire que le Bien, vous n’avez pas éduqué vos propres âmes à cela. Aucune Volonté n’est née parmi vous, pas même chez votre princesse puisque vous l’avez laissé agir en toute impunité.

Séparer les deux essences en elle, c’était ne pas choisir. C’était opter pour la facilité durable et l’oisiveté. C’était un non-choix qui va vous coûter cher. Vous subirez vous aussi le même sort que vous avez voulu lui faire subir : d’un côté du monde vivra ce que vous avez choisi de faire mourir en elle, et de l’autre côté du monde vivra ce que vous avez choisi de laisser vivre, avec la responsabilité de l’autre moitié. »

C’est ainsi que le peuple Premier connut la Séparation : les corps et tout ce que les Originaux avaient décidé de faire mourir furent envoyés sur Terre. Les esprits et toutes les qualités retenues pour la vie par les Originaux furent envoyés au Ciel, avec la responsabilité de veiller sur la partie terrestre du monde, qu’ils avaient eux-mêmes forgée. Le Bien et le Mal étaient physiquement et géographiquement séparés par le seul et unique Choix jamais formulé par les Originaux. Mais ce Choix qui les avaient fait se sentir en droit de décider ce qui était bon et ce qui était mauvais dans la création des dieux devait leur coûter cher. Eux qui ne voulaient rien faire que suivre, était désormais en charge de la vie terrestre. Ils étaient les dieux de leur immonde création. »

Mirgaya fit une pause, grave.

« Vous devez savoir maintenant de qui il s’agissait.
Viranie et moi ne sommes qu’une seule et même personne, séparée en deux. L’une envoyée sur terre, l’autre envoyé au ciel. De Viranie et des corps du peuple Premier sont nés la vie sur terre. De moi et des esprits du peuple Premier sont nés la vie au ciel, et le devoir de veiller sur la terre. Viranie et moi sommes ce qui reste encore de plus proche des Originaux. Là où elle ne vit que pour le Mal, je ne vis que pour le Bien. Mais nous n’en avons pas fait le choix, c’est dans notre nature même. Le Choix a été donné à l’ensemble de l’humanité, terrestre aussi bien que céleste. Et pour qu’il soit conservé, nos deux vies restent liées : si l’une de nous deux venait à disparaître, l’autre mourrait aussi. Viranie et moi présideront éternellement à la destinée de la Terre, selon le désir du peuple Premier. Elle est restée longtemps scellée sur terre, et moi au ciel. Mais le temps d’intervenir est venu, et ma descente parmi vous présage le retour des Contradictions et des conflits. »

Mirgaya soupira.

« Et bien, nous n’avons qu’à faire le Choix du Bien ! » s’exclama un conseiller terrestre.

« Mais oui !! Le Choix n’a jamais été fait ! De là viennent les Contradictions ! » fit remarquer un conseiller céleste.

« Oui ! Faisons le Choix du Bien ! » attesta un autre conseiller terrestre.

« Et proclamons-le haut et fort ! Les dieux anciens l’entendront et retirerons Viranie de la Vie ! » conclut encore un conseiller céleste.

Mirgaya soupira à nouveau.

« Il n’y aura pas d’issue, il n’y en aura jamais. Le propre du Choix et de toujours rester. Il y a l’un OU l’autre, parce qu’il y a possibilité de l’un ET l’autre. Si l’une de nous disparaissait, le Choix disparaîtrait à son tour, et avec lui toute la Vie. »

Tous restèrent sans voix. Entendre le dieu à travers Mirgaya submergea leur conscience. Ils sentirent tous l’inéluctabilité du Choix, et avec elle, l’imminence de la guerre.

La Reine des Paradis se rassit sur son trône, soudain très lasse, plus pâle que jamais.

Après être resté comme toute l'assemblée sans voix, Elessar décida de prendre la parole.
Pardonnez moi très et honorable membres de l'assemblée, mais il me semble que vous oubliez un très léger détail. Tout d'abord Viranie la sœur jumelle de mon épouse bien aimée n'a pas besoin d'être sur place pour mener une guerre.

Qui plus est, une guerre contre elle nous fera perdre beaucoup que tout ce que vous pouvez imaginer. Ensuite hormis Mirgaya qui la connais et pour cause, j'ai déjà eu affaire à elle.

Elle a agi sur moi par le simple biais d'un rêve que j'étais en train de faire, et m'a jeter une malédiction qu'aucun de vos médecins ou des miens n'est en mesure de soigner. il est fort possible ; si ce n'est probable que cela entraîne a plus ou moins longue échéance pour moi la mort.

Il va sans dire que quitte à mourir, je ne partirais bien entendu pas seul. Je ferais d'abord en sorte que celle-ci soit banni est non à nouveau scellée.

Après tout, elle a réussi à passer outre ce fait. Je propose donc que les choses se déroule comme elles ont été préparé, et que surtout rien de se qui sera fait dans notre bonne capitale d'alliance n'éveille de soupçons chez elle.

Après cela, Elessar se tut et pris la main de Mirgaya dans la sienne. Celle-ci était brûlante et froide à la fois. Pour la première fois depuis leur union dans la cité céleste, ils allaient devoir mener bataille ensemble.

La guerre était donc inéluctable.
La présence mêm de Viranie dans l'enceinte de la capitale laissait présager le pire.

Ce n'était plus seulement une histoire qui les concernait uniquement eux.
Il fallait révéler la vérité aux dirigeants de l'alliance.
Il fallait informer tous les peuples de l'horrible réalité à venir.

Mirgaya se sentit à la fois terriblement forte et fragile à la fois.
Elle allait affronter Viranie sur son propre terrain, la guerre, sur Terre.
Elessar était sujet à une malédiction des plus virulentes.
Mais elle pouvait compter sur lui, et dès que ses amis Patagonico et Aegis seraient au courant, elle savait qu'elle pourrait compter sur eux aussi.

Le couple royal savait qu'ils pouvaient compter l'un sur l'autre.
Mais la question qui revenait sans cesse à Elessar était la suivante :
La malédiction que Viranie m'a lancée me laissera-t-elle tranquille suffisamment longtemps pour que je puisse l'affronter et la bannir?

La mort. Lorsque Elessar avait parlé d'une probabilité de sa mort prochaine du à la malédiction lancée par Viranie, Mirgaya avait sursauté sur son trône sans mot dire.

Une fois que le couple royal eu regagné ses appartements, celle-ci se retourna vers son époux est lui demanda : "Tu ne vas pas mourir, n'est-ce pas?"

Ce à quoi il lui répondit calmement et fermement : "Bien sur que non mon amour. Pourquoi diable voudrais-tu que je meure? Cela arrivera bien un jour. Mais cela n'est pas pour tout de suite rassure toi."

Sa mort. Elle ne voulais pas y penser et pourtant elle savait pertinemment qu'il avait raison. Ils étaient si différents l'un de l'autre. Elle divine, éthérée, et lui humain et mortel. Deux choses qui les séparé et qui pourtant n'avait aucune raison de les écarter l'un de l'autre.
Sauf que bien sur il le savait et ne lui en tiendrait jamais rigueur, elle ne pourrait jamais pour ces raisons précises lui donner d'enfants.

Mais il ne souhaité qu'une chose pour le moment, passer ces instants privilégiés à ses côtés avant la cérémonie qui devais bientôt avoir lieu.

Trouvant le silence de son époux troublant pour ne pas dire inquiétant, Mirgaya lui redemanda si il allait mourir. A cette question il lui répondit à nouveau : "Bien sur que non voyons".

Puis ils s'enlacèrent sans mot dire dans le silence le plus absolu.

Alors qu'ils étaient seuls occupé à leur bonheur, Elessar dit doucement à son épouse : "Ne bouge pas j'ai quelque chose pour toi mon amour".

Puis il laissa Mirgaya seule quelques instants. Quand il revint, il portait quelque chose dans les mains. C'était une boîte à bijou d'une taille quelque peu inhabituelle.

Il la tendit à Mirgaya et lui dit : ouvre là, c'est pour toi. Ce qu'elle fit avec beaucoup de hâte. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle vit en ouvrant celle-ci, une couronne faite avec les mêmes pierres que sa parure de bijoux qu'elle avait déjà.

Mirgaya était déjà comblée par toutes les attentions de son bien-aimé.
Elle ne quittait jamais la parure qu'il lui avait confectionnée à mesure de leur relation, à tel point que pour elle, l'ensemble joaillier semblait déjà complet.
Voir une nouvelle pièce ajoutée à sa parure était comme lui rappeler que la vie était faite de surprises, d'évolution et de complétion.
C'était un message d'espoir et de renouveau sans cesse reformulé.
C'était l'amour et le cycle de la vie.

Mirgaya sourit en posant la couronne sur sa chevelure.
Elessar lui avait redonné le courage d'affronter son destin.

La joie était revenu sur le visage de Mirgaya. Mais sur celui du Seigneur des hommes et des elfes c'était la gravité qui était apparue. En effet, en allant chercher la couronne qu'il avait donné à son épouse, celui-ci avait appris une nouvelle qui l'avait profondément choqué.

Son épouse ne le percevait semble-t-il guère mieux que comme un simple laquais. Il ne serait jamais avait-il entendu dire dans les couloirs du palais rien d'autre qu'un simple seigneur de l'alliance.

Lui qui pensait valoir mieux que cela avait fait appelé son capitaine de vaisseau. Puis une fois que celui-ci était arrivé, lui avait demandé de le faire appareiller afin qu'il soit prêt à lever l'ancre au plus tôt.

Puisqu'il n'était perçu que comme cela, un simple seigneur, sa place n'était dès lors plus dans le palais royal au côté de son épouse à partager sa couche, mais dans sa capitale de Minas Tirith ; où il attendrait comme un simple seigneur que sa Reine veuille bien de lui en le faisant demander.

Après il pris la mer en laissant un mot d'explication dans les appartements royaux. Peut-être pensa-t-il devrais-je aller défier cette Viranie en combat singulier. Après quoi même s'il ne reste plus la moindre trace ni de moi ni de mes cités, alors cela sera peut-être mieux de cette façon.

Allait-il vraiment faire ce qu'il venir de penser?